Derniers sujets
» demande info r1150rpar Gridoul Aujourd'hui à 16:07
» Nouveau sur le forum
par captain sissi Aujourd'hui à 15:59
» Avis sur un bruit suspect !
par denada Aujourd'hui à 14:58
» Moto GP
par flat-win Aujourd'hui à 14:51
» PROJET REPORTÉ
par F2X Aujourd'hui à 13:00
» La 1300 GS adventure est annoncée
par Benjamin Aujourd'hui à 10:30
» le 5 novembre à partir de 16h
par Pec Aujourd'hui à 8:25
» Un Jour, une Photo
par Vincent Hier à 20:43
» ancien nouveau
par Brigitte Hier à 20:20
» Photos délire
par Génielle Hier à 18:52
» Je me présente David69
par Génielle Hier à 18:37
» Gutentag
par Génielle Hier à 18:35
» Présentation
par Génielle Hier à 18:29
» Matériel photo
par Bill Carbu Hier à 16:51
» PARTIR AVEC SON CHIEN
par F2X Sam 2 Nov 2024 - 22:48
"Requiem pour la motocyclette"
+5
Moustache7
Bill Carbu
Pec
alain resseguier
Steelydan
9 participants
Boxers et Flats :: Le Bistrot :: Le Bar
Page 1 sur 1
"Requiem pour la motocyclette"
Parue dernièrement dans le journal Sud Ouest cette chronique de Bernard CHAMBAZ (historien, poète, romancier, écrivain-voyageur...) qui nous rappelle que, loin de se réduire à des questions de transport et de sécurité routière, la pratique motocycliste est d'abord un rapport au monde.
Merci Bernard.
"Requiem pour la motocyclette"
Je voue aux gémonies, au sens figuré, le calamiteux adjoint aux « mobilités » et à la voirie de la mairie de Paris, qui se réjouit de faire la peau aux motos et de régler leur compte aux motards, par brimade et parce qu’il manque cruellement d’imagination.
Il ne me reste plus qu’à entonner un requiem pour la motocyclette, un hymne à la légende qui s’y raccorde, aux héros comme Tazio Nuvolari qui se passionnait pour la photographie et qui inventa le dérapage contrôlé. Dans cette confrérie, Lawrence d’Arabie et Antonio Ligabüe continuent également de me fasciner.
Lawrence n’était pas seulement touché par la grâce de la sagesse. Il reconnaissait : « l’extravagance où s’exprimait mon émotion, c’était la route ». Il pilotait une Brough Superior 100, un peu « ombrageuse » mais à l’ « inlassable douceur de miel », qui lui permettait d’atteindre les cent miles à l’heure. Le prologue du film de David Lean le montre à tout jamais roulant à vive allure sur une route étroite bordée d’arbres, avec ses lunettes d’aviateur, mais sans casque ; sa mort conduira l’armée anglaise à rendre aussitôt le casque obligatoire pour les tommies.
Ligabüe n’était pas seulement cerné par la grâce de la folie. Peintre naïf et merveilleux, il chevauchait une Moto-Guzzi rouge, rafistolée, sans permis, sur les routes blanches le long du Po, après avoir troqué ses godillots crasseux contre des escarpins vernis et un litre d’essence contre un petit tableau.
Tout en haut de mon petit panthéon littéraire, il y a Robert Pirsig, Georges Bernanos, John Berger, Georges Perros. J’aurais aimé consacrer une chronique à chacun. Je m’en tiens à une incise. Pirsig – et son fils à l’arrière – qui dissertent sur les perdrix. Bernanos, toujours aussi épatant et digne, sa joie enfantine au crépuscule de sa vie, trois cents kilomètres « vent debout » sur les pistes tunisiennes, les deux jambes malades « ficelées au cadre ». Berger, qui écrivit des livres uniques et qui chevauchait encore à quatre-vingts ans sa Honda noire sur les routes de Savoie. Perros, à qui nous devons ce rappel de bon sens, « nous fabriquons du souvenir », roulant sans fin à travers le Finistère, mais pas si longtemps, emporté par la maladie à même pas cinquante-cinq ans.
Sur une plus petite cylindrée mais dans le même registre majeur, Jacques Réda a toute sa place dans ce panthéon. Il aura enchanté plusieurs générations de lecteurs avec ses virées à Solex, avant Nanni Moretti sur sa Vespa, que ce soit dans Paris, en banlieue, en province. Et il m’aura encore ravi par la pertinence de cette remarque : quand il s’était arrêté d’écrire des poèmes pendant trois ans, il n’avait pas reçu de plainte.
Amen.
Merci Bernard.
"Requiem pour la motocyclette"
Je voue aux gémonies, au sens figuré, le calamiteux adjoint aux « mobilités » et à la voirie de la mairie de Paris, qui se réjouit de faire la peau aux motos et de régler leur compte aux motards, par brimade et parce qu’il manque cruellement d’imagination.
Il ne me reste plus qu’à entonner un requiem pour la motocyclette, un hymne à la légende qui s’y raccorde, aux héros comme Tazio Nuvolari qui se passionnait pour la photographie et qui inventa le dérapage contrôlé. Dans cette confrérie, Lawrence d’Arabie et Antonio Ligabüe continuent également de me fasciner.
Lawrence n’était pas seulement touché par la grâce de la sagesse. Il reconnaissait : « l’extravagance où s’exprimait mon émotion, c’était la route ». Il pilotait une Brough Superior 100, un peu « ombrageuse » mais à l’ « inlassable douceur de miel », qui lui permettait d’atteindre les cent miles à l’heure. Le prologue du film de David Lean le montre à tout jamais roulant à vive allure sur une route étroite bordée d’arbres, avec ses lunettes d’aviateur, mais sans casque ; sa mort conduira l’armée anglaise à rendre aussitôt le casque obligatoire pour les tommies.
Ligabüe n’était pas seulement cerné par la grâce de la folie. Peintre naïf et merveilleux, il chevauchait une Moto-Guzzi rouge, rafistolée, sans permis, sur les routes blanches le long du Po, après avoir troqué ses godillots crasseux contre des escarpins vernis et un litre d’essence contre un petit tableau.
Tout en haut de mon petit panthéon littéraire, il y a Robert Pirsig, Georges Bernanos, John Berger, Georges Perros. J’aurais aimé consacrer une chronique à chacun. Je m’en tiens à une incise. Pirsig – et son fils à l’arrière – qui dissertent sur les perdrix. Bernanos, toujours aussi épatant et digne, sa joie enfantine au crépuscule de sa vie, trois cents kilomètres « vent debout » sur les pistes tunisiennes, les deux jambes malades « ficelées au cadre ». Berger, qui écrivit des livres uniques et qui chevauchait encore à quatre-vingts ans sa Honda noire sur les routes de Savoie. Perros, à qui nous devons ce rappel de bon sens, « nous fabriquons du souvenir », roulant sans fin à travers le Finistère, mais pas si longtemps, emporté par la maladie à même pas cinquante-cinq ans.
Sur une plus petite cylindrée mais dans le même registre majeur, Jacques Réda a toute sa place dans ce panthéon. Il aura enchanté plusieurs générations de lecteurs avec ses virées à Solex, avant Nanni Moretti sur sa Vespa, que ce soit dans Paris, en banlieue, en province. Et il m’aura encore ravi par la pertinence de cette remarque : quand il s’était arrêté d’écrire des poèmes pendant trois ans, il n’avait pas reçu de plainte.
Amen.
Steelydan- Messages : 552
Date d'inscription : 10/10/2015
Localisation : Floirac (Bordeaux rive droite)
Re: "Requiem pour la motocyclette"
Merci pour ce bel article
effectivement, la pratique de la moto, comme pas mal d'autre hobbies-passions, est un réel rapport au Monde et à sa diversité
alain
effectivement, la pratique de la moto, comme pas mal d'autre hobbies-passions, est un réel rapport au Monde et à sa diversité
alain
_________________
Amitiés et Grand Soleil à Tous
ps:Les fôtes de moufles sont volontaires
Et j'aime pô Face de Bouc.....
alain resseguier- Messages : 10101
Date d'inscription : 10/10/2015
Age : 66
Localisation : Clarensac (30)
Pec- Messages : 7596
Date d'inscription : 11/10/2015
Age : 70
Localisation : Village Ouest Lyonnais
Re: "Requiem pour la motocyclette"
A propulsion thermique, il faut préciser !Steelydan a écrit:Parue dernièrement dans le journal Sud Ouest cette chronique de Bernard CHAMBAZ (historien, poète, romancier, écrivain-voyageur...) qui nous rappelle que, loin de se réduire à des questions de transport et de sécurité routière, la pratique motocycliste est d'abord un rapport au monde.
Merci Bernard.
"Requiem pour la motocyclette"
Je voue aux gémonies, au sens figuré, le calamiteux adjoint aux « mobilités » et à la voirie de la mairie de Paris, qui se réjouit de faire la peau aux motos et de régler leur compte aux motards, par brimade et parce qu’il manque cruellement d’imagination.
Dans sa chronique, Bernard Chambaz confond la philosophie du mode de déplacement engendré par la moto et sa technologie de propulsion.
On est tous d'accord que la moto, surtout en voyage, est une formidable pourvoyeuse de sensations par le contact direct de son/sa pilote avec les éléments naturels !
Mais rien n'empêchera très bientôt de les vivre en moto électrique, il ne faut pas tout mélanger, bien au contraire l'apaisement procurer par ce mode de propulsion silencieux, rapproche encore plus de la nature et des contacts humains, c'est très bien démontré par Ewan McGregore et Charley Boorman dans leur long voyage à travers les USA par les routes/pistes les plus désertes au guidon de la Harley Livewire.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Ewan McGregor [à gauche] et Charley Boorman à côté de leurs motos LiveWire édition « Long Way Up ».
Bill Carbu- Messages : 9242
Date d'inscription : 10/10/2015
Age : 68
Localisation : Dijon
Re: "Requiem pour la motocyclette"
Pour beaucoup d'entre nous, cela reste un plaisir, plutôt qu'un moyen de transport
Moustache7- Messages : 1564
Date d'inscription : 11/10/2015
Age : 65
Localisation : Chamberet, Corrèze
Re: "Requiem pour la motocyclette"
Pour moi, la lecture du Requiem de Bernard Chambaz traite plus de l'émotion que procure la pratique motocycliste que des simples sensations que beaucoup y lient ou de la philosophie de liberté que l'on veut lui rattacher. Quelque chose de plus organique en quelque sorte, un besoin impérieux, sans motivation.
Ça me rappelle furieusement les histoires racontées par Deudeuche et sa 900 MHR ou sa Katoche 500 4 poums à moteur Rotax, par Fred et sa 90S, Bernard et ses Commandos ou encore Totoche et sa T120 ou celle de l'olibrius rencontré chez un concess' local et sa Lario. Des p'tits gars pas grégaires dont, à les écouter, le seul plaisir était de rouler sans but ni utilité juste pour l'émotion de la conduite de leurs motos. Un sorte de relation amoureuse pas exigeante : s'arnacher, sortir la dulcinée, l'enfourcher et partir au gré du vent et des envies et le hasard facétieux créera alors les belles anecdotes amoncelées en beaux souvenirs.
Et, les p'tits gars ci-dessus, c'était des trentenaires voire quadragénaires qu'adulescent, je croisais dans un bar qui regroupait les rares motards de l'époque hormis l'homme à la Lario que j'ai rencontré plus tard. Et je dois dire que ça doit être le dernier ... enfin presque, car j'avais croisé il y a une bonne quinzaine d'années dans la concession BM un mec plutôt âgé - en retraite - qui promenait une vieille R100 elle aussi hors d'âge et parlait comme parlaient les p'tits gars cités plus haut. Mais bon, en tout cas, je n'en ai plus croisé de ces motards au regard vaguement hagard, un brin désabusé qui vire au rieur, un soupçon goguenard, à l'instant où il croise leur moto.
Et des motards que je connais aujourd'hui, aucun ne m'a rappelé les histoires un brin poétiques racontées par les précités. Ils parlent désormais plus volontiers de sensations ("y'a des ch'vaux, elle est puissante, ça pousse"), d’efficacité ("elle va bien, elle est facile à conduire, à mettre sur l'angle, la tenue de parquet est nickel"), de technique ("elle fait 180 cv, il y a 150mm de débattement et ils ont mis un pneu de 190, le Launch Control et l'antipatinage"), de côtés pratiques ("le GPS est intégré à l'écran, le DCT c'est cool, le réservoir fait 25 litres et tu peux mettre un modulable dans chaque valise") voire de confort ("tu peux faire 500 bornes sans avoir mal au cul, c'est top pour la passagère, la position est vraiment détendue") mais rien qui n'évoque une émotion qui vous fait tressaillir le coin de la lèvre comme devant un tableau qui vous parle ou vous fout les poils comme un morceau de musique qu'on aime.
Et, d't'façon, la Motocyclette, dans l'imaginaire collectif, aidé le Joe Bar Team ou Motomania, c'est un truc de décérébrés juste bon à enrouler du câble pour dépasser les bornes des limites. Les approches plus poétiques d'un P'tit Luc voire Margerin ou celle, plus onanique, de Peyre de Mandiargues font moins recette ...
Après, je sais bien que c'est toujours difficile de traduire exactement cette émotion qui m'étreint, par exemple, quand je démarre la Centauro avec ses Lafranconi Inox qui crachent, dans une sonorité métallo-grave, des volutes de vapeurs blanches dans l'air frais de l'automne, le chuintement si particulier des courroies de distribution aux diagrammes si croisés, quand j'imagine ses bielles Carillo forgées qui s'agitent dans le carter et que ces injecteurs à touche plate aspergent ses gros corps d'injection qui font hoqueter le Twin sur le ralenti et que je sens que toute cette belle agitation va me transporter
Je me suis souvent décidé sur l'instant, arnaché, sorti une moto du garage choisie pour l'émotion qu'elle m'apportera avant de l'enfourcher et partir sans autre but que vivre l'émotion recherchée, subir la morsure du froid, vive aux bouts des doigts, plus insidieuse quand il s'agit du calfeutrage défaillant d'un rabat mal placé ou de couches mal croisées et qui va me pousser, transi, à me réfugier derrière les vitres embuées d'un Bar improbable d'un hameau retiré, les mains engourdies enroulées autour d'un chocolat chaud. Mais, ces derniers temps, signe des temps ?, j'ai tendance à me laisser de plus en plus souvent gouverner par les injonctions de ma moitié qui s'inquiète de me voir partir alors que les conditions ne sont pas sûres et que j'ai tant d'autres choses en retard à faire à la maison
Tout ça pour dire que si le but du requiem de Bernard Chambaz était de convaincre que la moto était quelque chose est un vecteur d'émotion avant tout, bin, il va pas toucher grand monde ! Personne ?
En curiosité des hasards des algorithmes, je vois que la lecture de ce topic m'invite à lire, en sujet similaire, une élucubration approchant le discours de Chambaz :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] erreur de grammaire inside le titre
Ça me rappelle furieusement les histoires racontées par Deudeuche et sa 900 MHR ou sa Katoche 500 4 poums à moteur Rotax, par Fred et sa 90S, Bernard et ses Commandos ou encore Totoche et sa T120 ou celle de l'olibrius rencontré chez un concess' local et sa Lario. Des p'tits gars pas grégaires dont, à les écouter, le seul plaisir était de rouler sans but ni utilité juste pour l'émotion de la conduite de leurs motos. Un sorte de relation amoureuse pas exigeante : s'arnacher, sortir la dulcinée, l'enfourcher et partir au gré du vent et des envies et le hasard facétieux créera alors les belles anecdotes amoncelées en beaux souvenirs.
Et, les p'tits gars ci-dessus, c'était des trentenaires voire quadragénaires qu'adulescent, je croisais dans un bar qui regroupait les rares motards de l'époque hormis l'homme à la Lario que j'ai rencontré plus tard. Et je dois dire que ça doit être le dernier ... enfin presque, car j'avais croisé il y a une bonne quinzaine d'années dans la concession BM un mec plutôt âgé - en retraite - qui promenait une vieille R100 elle aussi hors d'âge et parlait comme parlaient les p'tits gars cités plus haut. Mais bon, en tout cas, je n'en ai plus croisé de ces motards au regard vaguement hagard, un brin désabusé qui vire au rieur, un soupçon goguenard, à l'instant où il croise leur moto.
Et des motards que je connais aujourd'hui, aucun ne m'a rappelé les histoires un brin poétiques racontées par les précités. Ils parlent désormais plus volontiers de sensations ("y'a des ch'vaux, elle est puissante, ça pousse"), d’efficacité ("elle va bien, elle est facile à conduire, à mettre sur l'angle, la tenue de parquet est nickel"), de technique ("elle fait 180 cv, il y a 150mm de débattement et ils ont mis un pneu de 190, le Launch Control et l'antipatinage"), de côtés pratiques ("le GPS est intégré à l'écran, le DCT c'est cool, le réservoir fait 25 litres et tu peux mettre un modulable dans chaque valise") voire de confort ("tu peux faire 500 bornes sans avoir mal au cul, c'est top pour la passagère, la position est vraiment détendue") mais rien qui n'évoque une émotion qui vous fait tressaillir le coin de la lèvre comme devant un tableau qui vous parle ou vous fout les poils comme un morceau de musique qu'on aime.
Et, d't'façon, la Motocyclette, dans l'imaginaire collectif, aidé le Joe Bar Team ou Motomania, c'est un truc de décérébrés juste bon à enrouler du câble pour dépasser les bornes des limites. Les approches plus poétiques d'un P'tit Luc voire Margerin ou celle, plus onanique, de Peyre de Mandiargues font moins recette ...
Après, je sais bien que c'est toujours difficile de traduire exactement cette émotion qui m'étreint, par exemple, quand je démarre la Centauro avec ses Lafranconi Inox qui crachent, dans une sonorité métallo-grave, des volutes de vapeurs blanches dans l'air frais de l'automne, le chuintement si particulier des courroies de distribution aux diagrammes si croisés, quand j'imagine ses bielles Carillo forgées qui s'agitent dans le carter et que ces injecteurs à touche plate aspergent ses gros corps d'injection qui font hoqueter le Twin sur le ralenti et que je sens que toute cette belle agitation va me transporter
Je me suis souvent décidé sur l'instant, arnaché, sorti une moto du garage choisie pour l'émotion qu'elle m'apportera avant de l'enfourcher et partir sans autre but que vivre l'émotion recherchée, subir la morsure du froid, vive aux bouts des doigts, plus insidieuse quand il s'agit du calfeutrage défaillant d'un rabat mal placé ou de couches mal croisées et qui va me pousser, transi, à me réfugier derrière les vitres embuées d'un Bar improbable d'un hameau retiré, les mains engourdies enroulées autour d'un chocolat chaud. Mais, ces derniers temps, signe des temps ?, j'ai tendance à me laisser de plus en plus souvent gouverner par les injonctions de ma moitié qui s'inquiète de me voir partir alors que les conditions ne sont pas sûres et que j'ai tant d'autres choses en retard à faire à la maison
Tout ça pour dire que si le but du requiem de Bernard Chambaz était de convaincre que la moto était quelque chose est un vecteur d'émotion avant tout, bin, il va pas toucher grand monde ! Personne ?
En curiosité des hasards des algorithmes, je vois que la lecture de ce topic m'invite à lire, en sujet similaire, une élucubration approchant le discours de Chambaz :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] erreur de grammaire inside le titre
Rock80- Messages : 1303
Date d'inscription : 11/10/2015
Age : 61
Localisation : 88 - Épinal
Re: "Requiem pour la motocyclette"
Un résumé du monde des motards en 2 minutes( Un jours en Iran) Ecoutez ce qu'il dit vers la fin.
Aindien- Conteur effréné
- Messages : 3537
Date d'inscription : 10/10/2015
Age : 92
Localisation : Culoz Ain
Re: "Requiem pour la motocyclette"
Je suis en total accord avec toi ..... mais moi je sais moins bien l’exprimer
Rock80 a écrit:Pour moi, la lecture du Requiem de Bernard Chambaz traite plus de l'émotion que procure la pratique motocycliste que des simples sensations que beaucoup y lient ou de la philosophie de liberté que l'on veut lui rattacher. Quelque chose de plus organique en quelque sorte, un besoin impérieux, sans motivation.
Ça me rappelle furieusement les histoires racontées par Deudeuche et sa 900 MHR ou sa Katoche 500 4 poums à moteur Rotax, par Fred et sa 90S, Bernard et ses Commandos ou encore Totoche et sa T120 ou celle de l'olibrius rencontré chez un concess' local et sa Lario. Des p'tits gars pas grégaires dont, à les écouter, le seul plaisir était de rouler sans but ni utilité juste pour l'émotio de la conduite de leurs motos. Un sorte de relation amoureuse pas exigeante : s'arnacher, sortir la dulcinée, l'enfourcher et partir au gré du vent et des envies et le hasard facétieux créera alors les belles anecdotes amoncelées en beaux souvenirs.
Et, les p'tits gars ci-dessus, c'était des trentenaires voire quadragénaires qu'adulescent, je croisais dans un bar qui regroupait les rares motards de l'époque hormis l'homme à la Lario que j'ai rencontré plus tard. Et je dois dire que ça doit être le dernier ... enfin presque, car j'avais croisé il y a une bonne quinzaine d'années dans la concession BM un mec plutôt âgé - en retraite - qui promenait une vieille R100 elle aussi hors d'âge et parlait comme parlaient les p'tits gars cités plus haut. Mais bon, en tout cas, je n'en ai plus croisé de ces motards au regard vaguement hagard, un brin désabusé qui vire au rieur, un soupçon goguenard, à l'instant où il croise leur moto.
Et des motards que je connais aujourd'hui, aucun ne m'a rappelé les histoires un brin poétiques racontées par les précités. Ils parlent désormais plus volontiers de sensations ("y'a des ch'vaux, elle est puissante, ça pousse"), d’efficacité ("elle va bien, elle est facile à conduire, à mettre sur l'angle, la tenue de parquet est nickel"), de technique ("elle fait 180 cv, il y a 150mm de débattement et ils ont mis un pneu de 190, le Launch Control et l'antipatinage"), de côtés pratiques ("le GPS est intégré à l'écran, le DCT c'est cool, le réservoir fait 25 litres et tu peux mettre un modulable dans chaque valise") voire de confort ("tu peux faire 500 bornes sans avoir mal au cul, c'est top pour la passagère, la position est vraiment détendue") mais rien qui n'évoque une émotion qui vous fait tressaillir le coin de la lèvre comme devant un tableau qui vous parle ou vous fout les poils comme un morceau de musique qu'on aime.
Et, d't'façon, la Motocyclette, dans l'imaginaire collectif, aidé le Joe Bar Team ou Motomania, c'est un truc de décérébrés juste bon à enrouler du câble pour dépasser les bornes des limites. Les approches plus poétiques d'un P'tit Luc voire Margerin ou celle, plus onanique, de Peyre de Mandiargues font moins recette ...
Après, je sais bien que c'est toujours difficile de traduire exactement cette émotion qui m'étreint, par exemple, quand je démarre la Centauro avec ses Lafranconi Inox qui crachent, dans une sonorité métallo-grave, des volutes de vapeurs blanches dans l'air frais de l'automne, le chuintement si particulier des courroies de distribution aux diagrammes si croisés, quand j'imagine ses bielles Carillo forgées qui s'agitent dans le carter et que ces injecteurs à touche plate aspergent ses gros corps d'injection qui font hoqueter le Twin sur le ralenti et que je sens que toute cette belle agitation va me transporter
Je me suis souvent décidé sur l'instant, arnaché, sorti une moto du garage choisie pour l'émotion qu'elle m'apportera avant de l'enfourcher et partir sans autre but que vivre l'émotion recherchée, subir la morsure du froid, vive aux bouts des doigts, plus insidieuse quand il s'agit du calfeutrage défaillant d'un rabat mal placé ou de couches mal croisées et qui va me pousser, transi, à me réfugier derrière les vitres embuées d'un Bar improbable d'un hameau retiré, les mains engourdies enroulées autour d'un chocolat chaud. Mais, ces derniers temps, signe des temps ?, j'ai tendance à me laisser de plus en plus souvent gouverner par les injonctions de ma moitié qui s'inquiète de me voir partir alors que les conditions ne sont pas sûres et que j'ai tant d'autres choses en retard à faire à la maison
Tout ça pour dire que si le but du requiem de Bernard Chambaz était de convaincre que la moto était quelque chose est un vecteur d'émotion avant tout, bin, il va pas toucher grand monde ! Personne ?
En curiosité des hasards des algorithmes, je vois que la lecture de ce topic m'invite à lire, en sujet similaire, une élucubration approchant le discours de Chambaz :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] erreur de grammaire inside le titre
tetedanslevent- Têtedanslapoutre
- Messages : 573
Date d'inscription : 12/10/2015
Age : 62
Localisation : Laval
Re: "Requiem pour la motocyclette"
Rock80 a écrit:Pour moi, la lecture du Requiem de Bernard Chambaz traite plus de l'émotion que procure la pratique motocycliste que des simples sensations que beaucoup y lient ou de la philosophie de liberté que l'on veut lui rattacher. Quelque chose de plus organique en quelque sorte, un besoin impérieux, sans motivation.
Sauf qu'en préambule il s'appuie sur une décision politique visant l'interdiction de circuler des moteurs thermiques dans les centre-ville, ce qui est fallacieux pour la suite de sa démonstration en utilisant quelques noms prestigieux de l'histoire et de la littérature moto pour émouvoir, je ne supporte pas cette façon de faire .
Rock80 a écrit:Ça me rappelle furieusement les histoires racontées par Deudeuche et sa 900 MHR ou sa Katoche 500 4 poums à moteur Rotax, par Fred et sa 90S, Bernard et ses Commandos ou encore Totoche et sa T120 ou celle de l'olibrius rencontré chez un concess' local et sa Lario. Des p'tits gars pas grégaires dont, à les écouter, le seul plaisir était de rouler sans but ni utilité juste pour l'émotio de la conduite de leurs motos. Un sorte de relation amoureuse pas exigeante : s'arnacher, sortir la dulcinée, l'enfourcher et partir au gré du vent et des envies et le hasard facétieux créera alors les belles anecdotes amoncelées en beaux souvenirs.
Et, les p'tits gars ci-dessus, c'était des trentenaires voire quadragénaires qu'adulescent, je croisais dans un bar qui regroupait les rares motards de l'époque hormis l'homme à la Lario que j'ai rencontré plus tard. Et je dois dire que ça doit être le dernier ... enfin presque, car j'avais croisé il y a une bonne quinzaine d'années dans la concession BM un mec plutôt âgé - en retraite - qui promenait une vieille R100 elle aussi hors d'âge et parlait comme parlaient les p'tits gars cités plus haut. Mais bon, en tout cas, je n'en ai plus croisé de ces motards au regard vaguement hagard, un brin désabusé qui vire au rieur, un soupçon goguenard, à l'instant où il croise leur moto.
Et alors qui est contre ? Tu crois être le seul que cela touche ? Mauvais débat engendré par Bernard Chambaz qui doit bien rigoler (ce mec-là ne connais rien à la moto); Te trompe pas de cible !
Rock80 a écrit:Et des motards que je connais aujourd'hui, aucun ne m'a rappelé les histoires un brin poétiques racontées par les précités. Ils parlent désormais plus volontiers de sensations ("y'a des ch'vaux, elle est puissante, ça pousse"), d’efficacité ("elle va bien, elle est facile à conduire, à mettre sur l'angle, la tenue de parquet est nickel"), de technique ("elle fait 180 cv, il y a 150mm de débattement et ils ont mis un pneu de 190, le Launch Control et l'antipatinage"), de côtés pratiques ("le GPS est intégré à l'écran, le DCT c'est cool, le réservoir fait 25 litres et tu peux mettre un modulable dans chaque valise") voire de confort ("tu peux faire 500 bornes sans avoir mal au cul, c'est top pour la passagère, la position est vraiment détendue") mais rien qui n'évoque une émotion qui vous fait tressaillir le coin de la lèvre comme devant un tableau qui vous parle ou vous fout les poils comme un morceau de musique qu'on aime.
Et alors ? Tous les styles rédactionnelles peuvent cohabiter, avec comme unité commune la passion de la moto !
Tant mieux ! (et pour ça je préfère de loin te lire! ) Mais je ne suis pas sûr, beaucoup vont associer lutte pour le climat et fin des libertés (quoique là on pourrait aussi s'interroger sur quelle genre de liberté ? Celle de L'Oréal "parce que je le vaut bien", et le triomphe de l'égo ?), je refuse de cautionner ce genre de discours, pour ma passion de la moto, j'ai d'autres références !Rock80 a écrit:
Tout ça pour dire que si le but du requiem de Bernard Chambaz était de convaincre que la moto était quelque chose est un vecteur d'émotion avant tout, bin, il va pas toucher grand monde ! Personne ?
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Bill Carbu- Messages : 9242
Date d'inscription : 10/10/2015
Age : 68
Localisation : Dijon
Re: "Requiem pour la motocyclette"
Bill, Je partage ton analyse ce cet article
JCM- Messages : 2534
Date d'inscription : 11/10/2015
Age : 68
Localisation : Manosque
Re: "Requiem pour la motocyclette"
"Homme libre toujours tu chériras la motocyclette"... comme n'aurait pas pu écrire Baudelaire, né au moins une génération trop tôt.
Comme d'autres apparemment c'est le seul message que j'ai lu dans le texte de Bernard Chambaz* que j'ai relayé ici, et j'avoue que je suis un peu scié de lire les commentaires alambiqués qu'il arrive à susciter !
Pour ma part ce papier m'a plutôt invité à en apprendre un peu plus sur les personnages qu'il évoque et qui avaient en commun cette passion pour la moto, la moto comme une pratique "en soi", que ça fasse partie du personnage (Lawrence d'Arabie, Robert Pirsig, Antonio Ligabue...) ou que ce soit beaucoup plus inattendu comme par exemple pour Georges Bernanos, dont j'apprends qu'il a fait de la moto quasiment jusqu'à ses derniers jours alors que depuis longtemps il ne pouvait plus marcher sans cannes.
Pour mémoire Georges Bernanos était un écrivain (très) catholique, traditionaliste, longtemps royaliste, inscrit dans une mouvance qui a amené la plupart de ses pairs à cautionner sinon adopter les idéologies fascistes des années 30-40. Pas lui : sans rien renier de ses convictions (et même au nom de celles-ci) il s'est insurgé d'abord contre le franquisme, puis contre le nazisme, la collaboration et ensuite les excès de l'épuration, avant de décliner successivement un poste au gouvernement, la légion d'honneur (3 fois) et l'académie française.
Homme libre toujours...
*Bernard Chambaz est un écrivain-journaliste-voyageur maintes fois primé dont j'ai lu quelques papiers à l'occasion dans Sud Ouest, doté d'une vaste culture (histoire, littérature, arts, sports), fou de vélo et motard. Il est co-auteur avec le dessinateur Barroux d'un road movie à moto, "Lincoln Highway 750"
Comme d'autres apparemment c'est le seul message que j'ai lu dans le texte de Bernard Chambaz* que j'ai relayé ici, et j'avoue que je suis un peu scié de lire les commentaires alambiqués qu'il arrive à susciter !
Pour ma part ce papier m'a plutôt invité à en apprendre un peu plus sur les personnages qu'il évoque et qui avaient en commun cette passion pour la moto, la moto comme une pratique "en soi", que ça fasse partie du personnage (Lawrence d'Arabie, Robert Pirsig, Antonio Ligabue...) ou que ce soit beaucoup plus inattendu comme par exemple pour Georges Bernanos, dont j'apprends qu'il a fait de la moto quasiment jusqu'à ses derniers jours alors que depuis longtemps il ne pouvait plus marcher sans cannes.
Pour mémoire Georges Bernanos était un écrivain (très) catholique, traditionaliste, longtemps royaliste, inscrit dans une mouvance qui a amené la plupart de ses pairs à cautionner sinon adopter les idéologies fascistes des années 30-40. Pas lui : sans rien renier de ses convictions (et même au nom de celles-ci) il s'est insurgé d'abord contre le franquisme, puis contre le nazisme, la collaboration et ensuite les excès de l'épuration, avant de décliner successivement un poste au gouvernement, la légion d'honneur (3 fois) et l'académie française.
Homme libre toujours...
*Bernard Chambaz est un écrivain-journaliste-voyageur maintes fois primé dont j'ai lu quelques papiers à l'occasion dans Sud Ouest, doté d'une vaste culture (histoire, littérature, arts, sports), fou de vélo et motard. Il est co-auteur avec le dessinateur Barroux d'un road movie à moto, "Lincoln Highway 750"
Steelydan- Messages : 552
Date d'inscription : 10/10/2015
Localisation : Floirac (Bordeaux rive droite)
Boxers et Flats :: Le Bistrot :: Le Bar
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|