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ces motards fous

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Message par Denis Ven 16 Juin - 19:47

CES MOTARDS FOUS 🏍🏍🏍🏍.
Je les connais.
Je les ai vus plusieurs fois.
Ils sont bizarres.
Ils sortent tôt et mettent leur équipement, ils démarrent leur machine 5 minutes avant de partir...
Ils sont fous.
En été, ils sortent sous la chaleur, ils transpirent, ils se déshydratent... juste pour profiter de la route.
En hiver, ils se couvrent, s'emmitouflent, se plaignent, ont froid, s'enrhument et se laissent mouiller par la pluie. Ils roulent trempés, si ce n'est par la pluie, c'est par la sueur.
Je les ai vus.
Ils serpentent sur des routes sinueuses et pleines de virages, ils roulent sur l'asphalte d'une route perdue, ils traversent des ponts, des villages perdus...
Ils écoutent la musique qui accompagne le rythme de leurs coups d'accélérateur, ils écoutent le bruit de leurs pots d'échappement, ils remarquent que leur pouls s'accélère à chaque freinage, ils sentent l'essence de celui qui les précède et ils ralentissent lorsqu'ils passent devant des gens, surtout des enfants.
Je les ai vus.
Ils n'ont pas toute leur tête.
Ils commencent à se préparer la semaine précédente, et le matin, ils se réveillent comme des enfants le jour des Rois Mages.
La veille, ils dînent tôt pour dormir plus longtemps, mais pendant la nuit, ils se réveillent plusieurs fois en sursaut, pensant qu'il est temps...
Je n'ai jamais pu estimer leur âge, mais ils ont entre 18 et 79 ans.
Ce sont des hommes et des femmes.
Ils ne vont pas bien.
Ils s'inscrivent pour des parcours de cent à huit cents kilomètres et, avant de commencer, ils savent qu'ils prendront du plaisir où qu'ils aillent.
Ils sont nerveux chaque fois qu'ils partent, quelques minutes avant d'aller aux toilettes.
Il leur suffira de surmonter leurs barrières pour s'endormir le soir avec un grand sourire.
Ils se plaignent que le soleil les aveugle ou que la pluie ne leur permet pas de voir.
Néanmoins ils savent qu'à proximité se trouve l'ombre d'un bar ou l'abri d'un pont.
Je les connais bien.
Dès qu'ils arrivent, ils boivent quelque chose, se mouillent la tête, s'assoient au bar pour récupérer.
Je les ai vus à plusieurs reprises.
Ils sont vraiment pas bien dans leur tête.
Ils se joignent à un groupe et partagent une partie de leur dimanche avec cette deuxième famille.
Ils ne se souviennent plus comment ils ont commencé, mais ils se font un devoir d'inviter les autres. Ils pensent être les détenteurs d'un grand secret auquel n'ont accès que ceux qui suivent leurs traces sur la route.
Il me semble qu'ils veulent vaincre la mort.
Ils disent vouloir vaincre la vie.
Une chose est sûre, ils sont complètement fous et seuls eux et ceux qui osent les suivre sont capables de jouir de cette folie comme ils le font.
Le monde serait différent
s'il y avait plus de fous comme eux.
Ils sont fous.
Je les connais bien...
"JE FAIS PARTIE D'EUX"✌😉🏍❣.
Ami motard,  mon frère,  ma sœur,  ce texte t'appartient.

Le texte n est pas de moi.........mais reflète tout a fait ma passion
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Message par tetedanslevent Ven 16 Juin - 20:00

Denis a écrit: prosterne CES MOTARDS FOUS 🏍🏍🏍🏍.
Je les connais.
Je les ai vus plusieurs fois.
Ils sont bizarres.
Ils sortent tôt et mettent leur équipement, ils démarrent leur machine 5 minutes avant de partir...
Ils sont fous.
En été, ils sortent sous la chaleur, ils transpirent, ils se déshydratent... juste pour profiter de la route.
En hiver, ils se couvrent, s'emmitouflent, se plaignent, ont froid, s'enrhument et se laissent mouiller par la pluie. Ils roulent trempés, si ce n'est par la pluie, c'est par la sueur.
Je les ai vus.
Ils serpentent sur des routes sinueuses et pleines de virages, ils roulent sur l'asphalte d'une route perdue, ils traversent des ponts, des villages perdus...
Ils écoutent la musique qui accompagne le rythme de leurs coups d'accélérateur, ils écoutent le bruit de leurs pots d'échappement, ils remarquent que leur pouls s'accélère à chaque freinage, ils sentent l'essence de celui qui les précède et ils ralentissent lorsqu'ils passent devant des gens, surtout des enfants.
Je les ai vus.
Ils n'ont pas toute leur tête.
Ils commencent à se préparer la semaine précédente, et le matin, ils se réveillent comme des enfants le jour des Rois Mages.
La veille, ils dînent tôt pour dormir plus longtemps, mais pendant la nuit, ils se réveillent plusieurs fois en sursaut, pensant qu'il est temps...
Je n'ai jamais pu estimer leur âge, mais ils ont entre 18 et 79 ans.
Ce sont des hommes et des femmes.
Ils ne vont pas bien.
Ils s'inscrivent pour des parcours de cent à huit cents kilomètres et, avant de commencer, ils savent qu'ils prendront du plaisir où qu'ils aillent.
Ils sont nerveux chaque fois qu'ils partent, quelques minutes avant d'aller aux toilettes.
Il leur suffira de surmonter leurs barrières pour s'endormir le soir avec un grand sourire.
Ils se plaignent que le soleil les aveugle ou que la pluie ne leur permet pas de voir.
Néanmoins ils savent qu'à proximité se trouve l'ombre d'un bar ou l'abri d'un pont.
Je les connais bien.
Dès qu'ils arrivent, ils boivent quelque chose, se mouillent la tête, s'assoient au bar pour récupérer.
Je les ai vus à plusieurs reprises.
Ils sont vraiment pas bien dans leur tête.
Ils se joignent à un groupe et partagent une partie de leur dimanche avec cette deuxième famille.
Ils ne se souviennent plus comment ils ont commencé, mais ils se font un devoir d'inviter les autres. Ils pensent être les détenteurs d'un grand secret auquel n'ont accès que ceux qui suivent leurs traces sur la route.
Il me semble qu'ils veulent vaincre la mort.
Ils disent vouloir vaincre la vie.
Une chose est sûre, ils sont complètement fous et seuls eux et ceux qui osent les suivre sont capables de jouir de cette folie comme ils le font.
Le monde serait différent
s'il y avait plus de fous comme eux.
Ils sont fous.
Je les connais bien...
"JE FAIS PARTIE D'EUX"✌😉🏍❣.
Ami motard,  mon frère,  ma sœur,  ce texte t'appartient.

Le texte n est pas de moi.........mais reflète tout a fait ma passion
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Message par F2X Ven 16 Juin - 20:08

Merci Denis pour le partage. Smile
Joli prose. C'est très proche de nous tous, seul ceux qui ne pratiquent pas, ne peuvent pas comprendre... Super
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Message par Pierrot 67310 GSA HP Ven 16 Juin - 20:54

Magnifique texte qui décrit vraiment bien notre monde, notre passion et nous-même.
Top, merci pour le partage.

ami
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Message par Vincent Ven 16 Juin - 21:25

Merci Denis, pour une fois que ce n'est pas un PALC mort de rire Vmot
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Message par Laurence Ven 16 Juin - 21:50

Superbe texte dans lequel nous nous reconnaitrons tous !

Merci Denis ami

_________________
Luccio ! Joco ! Philou77 ! N'Harry ! dorénavant chaque tour de roue sera pour vous ! [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
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Message par Philippe49 Ven 16 Juin - 22:23

bcop  Super. Merci Denis
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Message par alain resseguier Sam 17 Juin - 8:22

Denis.... ami ami ami ami ami ami ami ami ami

alain

_________________
Amitiés et  Grand Soleil à Tous
ps:Les fôtes de moufles sont volontaires
Et j'aime pô Face de Bouc.....
alain resseguier
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Message par rouquin Sam 17 Juin - 22:01

C’est ça ! pirat
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ces motards fous Empty "Mais ils sont avant tout les fils de la chimère, Des assoiffés d'azur, des poètes, des fous."

Message par Philippe29 Mer 21 Juin - 8:39

Bonjour à tous,


ce texte a réveillé un vieux souvenir : les deux vers en titre de ce message.
Voici le poème de Jean Richepin complet.
Le premier mouvement est une longue évocation d'une basse cour. Soyez patients, la chute est jubilatoire !

Les oiseaux de passage

C'est une cour carrée et qui n'a rien d'étrange :
Sur les flancs, l'écurie et l'étable au toit bas ;
Ici près, la maison ; là-bas, au fond, la grange
Sous son chapeau de chaume et sa jupe en plâtras.

Le bac, où les chevaux au retour viendront boire,
Dans sa berge de bois est immobile et dort.
Tout plaqué de soleil, le purin à l'eau noire
Luit le long du fumier gras et pailleté d'or.

Loin de l'endroit humide où gît la couche grasse,
Au milieu de la cour, où le crottin plus sec
Riche de grains d'avoine en poussière s'entasse,
La poule l'éparpille à coups d'ongle et de bec.

Plus haut, entre les deux brancards d'une charrette,
Un gros coq satisfait, gavé d'aise, assoupi,
Hérissé, l'œil mi-clos recouvert par la crête,
Ainsi qu'une couveuse en boule est accroupi.

Des canards hébétés voguent, l'oeil en extase.
On dirait des rêveurs, quand, soudain s'arrêtant,
Pour chercher leur pâture au plus vert de la vase
Ils crèvent d'un plongeon les moires de l'étang.

Sur le faîte du toit, dont les grises ardoises
Montrent dans le soleil leurs écailles d'argent,
Des pigeons violets aux reflets de turquoises
De roucoulements sourds gonflent leur col changeant.

Leur ventre bien lustré, dont la plume est plus sombre,
Fait tantôt de l'ébène et tantôt de l'émail,
Et leurs pattes, qui sont rouges parmi cette ombre,
Semblent sur du velours des branches de corail.

Au bout du clos, bien loin, on voit paître les oies,
Et vaguer les dindons noirs comme des huissiers.
Oh ! qui pourra chanter vos bonheurs et vos joies,
Rentiers, faiseurs de lards, philistins, épiciers ?

Oh ! vie heureuse des bourgeois ! Qu'avril bourgeonne
Ou que décembre gèle, ils sont fiers et contents.
Ce pigeon est aimé trois jours par sa pigeonne ;
Ca lui suffit, il sait que l'amour n'a qu'un temps.

Ce dindon a toujours béni sa destinée.
Et quand vient le moment de mourir il faut voir
Cette jeune oie en pleurs : " C'est là que je suis née ;
Je meurs près de ma mère et j'ai fait mon devoir. "

Elle a fait son devoir ! C'est à dire que oncque
Elle n'eut de souhait impossible, elle n'eut
Aucun rêve de lune, aucun désir de jonque
L'emportant sans rameurs sur un fleuve inconnu.

Elle ne sentit pas lui courir sous la plume
De ces grands souffles fous qu'on a dans le sommeil,
Pour aller voir la nuit comment le ciel s'allume
Et mourir au matin sur le coeur du soleil.

Et tous sont ainsi faits ! Vivre la même vie
Toujours pour ces gens-là cela n'est point hideux
Ce canard n'a qu'un bec, et n'eut jamais envie
Ou de n'en plus avoir ou bien d'en avoir deux.

Aussi, comme leur vie est douce, bonne et grasse !
Qu'ils sont patriarcaux, béats, vermillonnés,
Cinq pour cent ! Quel bonheur de dormir dans sa crasse,
De ne pas voir plus loin que le bout de son nez !

N'avoir aucun besoin de baiser sur les lèvres,
Et, loin des songes vains, loin des soucis cuisants,
Posséder pour tout cœur un viscère sans fièvres,
Un coucou régulier et garanti dix ans !

Oh ! les gens bienheureux !... Tout à coup, dans l'espace,
Si haut qu'il semble aller lentement, un grand vol
En forme de triangle arrive, plane et passe.
Où vont-ils ? Qui sont-ils ? Comme ils sont loin du sol !

Les pigeons, le bec droit, poussent un cri de flûte
Qui brise les soupirs de leur col redressé,
Et sautent dans le vide avec une culbute.
Les dindons d'une voix tremblotante ont gloussé.

Les poules picorant ont relevé la tête.
Le coq, droit sur l'ergot, les deux ailes pendant,
Clignant de l'œil en l'air et secouant la crête,
Vers les hauts pèlerins pousse un appel strident.

Qu'est-ce que vous avez, bourgeois ? soyez donc calmes.
Pourquoi les appeler, sot ? Ils n'entendront pas.
Et d'ailleurs, eux qui vont vers le pays des palmes,
Crois-tu que ton fumier ait pour eux des appas ?

Regardez-les passer ! Eux, ce sont les sauvages.
Ils vont où leur désir le veut, par-dessus monts,
Et bois, et mers, et vents, et loin des esclavages.
L'air qu'ils boivent ferait éclater vos poumons.

Regardez-les ! Avant d'atteindre sa chimère,
Plus d'un, l'aile rompue et du sang plein les yeux,
Mourra. Ces pauvres gens ont aussi femme et mère,
Et savent les aimer aussi bien que vous, mieux.

Pour choyer cette femme et nourrir cette mère,
Ils pouvaient devenir volaille comme vous.
Mais ils sont avant tout les fils de la chimère,
Des assoiffés d'azur, des poètes, des fous.

Ils sont maigres, meurtris, las, harassés. Qu'importe !
Là-haut chante pour eux un mystère profond.
A l'haleine du vent inconnu qui les porte
Ils ont ouvert sans peur leurs deux ailes. Ils vont.

La bise contre leur poitrail siffle avec rage.
L'averse les inonde et pèse sur leur dos.
Eux, dévorent l'abîme et chevauchent l'orage.
Ils vont, loin de la terre, au dessus des badauds.

Ils vont, par l'étendue ample, rois de l'espace.
Là-bas, ils trouveront de l'amour, du nouveau.
Là-bas, un bon soleil chauffera leur carcasse
Et fera se gonfler leur cœur et leur cerveau.

Là-bas, c'est le pays de l'étrange et du rêve,
C'est l'horizon perdu par delà les sommets,
C'est le bleu paradis, c'est la lointaine grève
Où votre espoir banal n'abordera jamais.

Regardez-les, vieux coq, jeune oie édifiante !
Rien de vous ne pourra monter aussi haut qu'eux.
Et le peu qui viendra d'eux à vous, c'est leur fiente.
Les bourgeois sont troublés de voir passer les gueux.
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Message par Flatiron Mer 21 Juin - 12:58

Philippe29 a écrit:

Bonjour à tous,


ce texte a réveillé un vieux souvenir : les deux vers en titre de ce message.
Voici le poème de Jean Richepin complet.
Le premier mouvement est une longue évocation d'une basse cour. Soyez patients, la chute est jubilatoire !

Les oiseaux de passage

C'est une cour carrée et qui n'a rien d'étrange :
Sur les flancs, l'écurie et l'étable au toit bas ;
Ici près, la maison ; là-bas, au fond, la grange
Sous son chapeau de chaume et sa jupe en plâtras.

Le bac, où les chevaux au retour viendront boire,
Dans sa berge de bois est immobile et dort.
Tout plaqué de soleil, le purin à l'eau noire
Luit le long du fumier gras et pailleté d'or.

Loin de l'endroit humide où gît la couche grasse,
Au milieu de la cour, où le crottin plus sec
Riche de grains d'avoine en poussière s'entasse,
La poule l'éparpille à coups d'ongle et de bec.

Plus haut, entre les deux brancards d'une charrette,
Un gros coq satisfait, gavé d'aise, assoupi,
Hérissé, l'œil mi-clos recouvert par la crête,
Ainsi qu'une couveuse en boule est accroupi.

Des canards hébétés voguent, l'oeil en extase.
On dirait des rêveurs, quand, soudain s'arrêtant,
Pour chercher leur pâture au plus vert de la vase
Ils crèvent d'un plongeon les moires de l'étang.

Sur le faîte du toit, dont les grises ardoises
Montrent dans le soleil leurs écailles d'argent,
Des pigeons violets aux reflets de turquoises
De roucoulements sourds gonflent leur col changeant.

Leur ventre bien lustré, dont la plume est plus sombre,
Fait tantôt de l'ébène et tantôt de l'émail,
Et leurs pattes, qui sont rouges parmi cette ombre,
Semblent sur du velours des branches de corail.

Au bout du clos, bien loin, on voit paître les oies,
Et vaguer les dindons noirs comme des huissiers.
Oh ! qui pourra chanter vos bonheurs et vos joies,
Rentiers, faiseurs de lards, philistins, épiciers ?

Oh ! vie heureuse des bourgeois ! Qu'avril bourgeonne
Ou que décembre gèle, ils sont fiers et contents.
Ce pigeon est aimé trois jours par sa pigeonne ;
Ca lui suffit, il sait que l'amour n'a qu'un temps.

Ce dindon a toujours béni sa destinée.
Et quand vient le moment de mourir il faut voir
Cette jeune oie en pleurs : " C'est là que je suis née ;
Je meurs près de ma mère et j'ai fait mon devoir. "

Elle a fait son devoir ! C'est à dire que oncque
Elle n'eut de souhait impossible, elle n'eut
Aucun rêve de lune, aucun désir de jonque
L'emportant sans rameurs sur un fleuve inconnu.

Elle ne sentit pas lui courir sous la plume
De ces grands souffles fous qu'on a dans le sommeil,
Pour aller voir la nuit comment le ciel s'allume
Et mourir au matin sur le coeur du soleil.

Et tous sont ainsi faits ! Vivre la même vie
Toujours pour ces gens-là cela n'est point hideux
Ce canard n'a qu'un bec, et n'eut jamais envie
Ou de n'en plus avoir ou bien d'en avoir deux.

Aussi, comme leur vie est douce, bonne et grasse !
Qu'ils sont patriarcaux, béats, vermillonnés,
Cinq pour cent ! Quel bonheur de dormir dans sa crasse,
De ne pas voir plus loin que le bout de son nez !

N'avoir aucun besoin de baiser sur les lèvres,
Et, loin des songes vains, loin des soucis cuisants,
Posséder pour tout cœur un viscère sans fièvres,
Un coucou régulier et garanti dix ans !

Oh ! les gens bienheureux !... Tout à coup, dans l'espace,
Si haut qu'il semble aller lentement, un grand vol
En forme de triangle arrive, plane et passe.
Où vont-ils ? Qui sont-ils ? Comme ils sont loin du sol !

Les pigeons, le bec droit, poussent un cri de flûte
Qui brise les soupirs de leur col redressé,
Et sautent dans le vide avec une culbute.
Les dindons d'une voix tremblotante ont gloussé.

Les poules picorant ont relevé la tête.
Le coq, droit sur l'ergot, les deux ailes pendant,
Clignant de l'œil en l'air et secouant la crête,
Vers les hauts pèlerins pousse un appel strident.

Qu'est-ce que vous avez, bourgeois ? soyez donc calmes.
Pourquoi les appeler, sot ? Ils n'entendront pas.
Et d'ailleurs, eux qui vont vers le pays des palmes,
Crois-tu que ton fumier ait pour eux des appas ?

Regardez-les passer ! Eux, ce sont les sauvages.
Ils vont où leur désir le veut, par-dessus monts,
Et bois, et mers, et vents, et loin des esclavages.
L'air qu'ils boivent ferait éclater vos poumons.

Regardez-les ! Avant d'atteindre sa chimère,
Plus d'un, l'aile rompue et du sang plein les yeux,
Mourra. Ces pauvres gens ont aussi femme et mère,
Et savent les aimer aussi bien que vous, mieux.

Pour choyer cette femme et nourrir cette mère,
Ils pouvaient devenir volaille comme vous.
Mais ils sont avant tout les fils de la chimère,
Des assoiffés d'azur, des poètes, des fous.

Ils sont maigres, meurtris, las, harassés. Qu'importe !
Là-haut chante pour eux un mystère profond.
A l'haleine du vent inconnu qui les porte
Ils ont ouvert sans peur leurs deux ailes. Ils vont.

La bise contre leur poitrail siffle avec rage.
L'averse les inonde et pèse sur leur dos.
Eux, dévorent l'abîme et chevauchent l'orage.
Ils vont, loin de la terre, au dessus des badauds.

Ils vont, par l'étendue ample, rois de l'espace.
Là-bas, ils trouveront de l'amour, du nouveau.
Là-bas, un bon soleil chauffera leur carcasse
Et fera se gonfler leur cœur et leur cerveau.

Là-bas, c'est le pays de l'étrange et du rêve,
C'est l'horizon perdu par delà les sommets,
C'est le bleu paradis, c'est la lointaine grève
Où votre espoir banal n'abordera jamais.

Regardez-les, vieux coq, jeune oie édifiante !
Rien de vous ne pourra monter aussi haut qu'eux.
Et le peu qui viendra d'eux à vous, c'est leur fiente.
Les bourgeois sont troublés de voir passer les gueux.
Vu comme ça, c'est un post pour "André Tissot" Cool Cool
Je reste assez peu persuadé que la pratique du deux roues puisse élever l'âme à ce point. Mais bon, c'est pas le sujet du poème ! petard
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